On parle beaucoup de la présence de l’écrivain américain Ernest Hemingway à Cuba, mais très peu de l’écrivain britannique Graham Greene. Pourtant celui-ci y a séjourné à une dizaine de reprises, il a même rencontré à plusieurs reprises Fidel Castro, dès son arrivée au pouvoir, s’est entretenu avec l’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, a écrit un roman d’espionnage, Notre agent à La Havane, où le protagoniste séjourne au magnifique hôtel Sévilla, dans la chambre 511, qu’on peut visiter lorsqu’elle n’est pas occupée par un touriste de passage, a fréquenté lui aussi le bar Floridita où Hemingway y avait ses habitudes, de même que le fameux bar Sloppy Joe’s où il ingurgita des quantités phénoménales de whisky.
Graham Greene a travaillé au sein des services secrets britanniques, plus précisément le M16, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’y connaissait donc en matière d’espionnage. Après la victoire contre l’Allemagne hitlérienne, le monde est plongé dans une autre sorte de guerre, qu’on baptisera de « guerre froide », où deux grands blocs s’affrontent, l’est communiste et l’ouest capitaliste. Un petit pays des Antilles, Cuba, vient brouiller les cartes. On se bat dans les montagnes de l’Oriente, pour renverser un régime sanguinaire appuyé par le gouvernement américain.
Graham Greene, qui est plus romancier qu’agent secret, se rend à Cuba à plusieurs reprises, car il sent que quelque chose de grand et de nouveau se prépare et c’est dans ce décor qu’il va façonner son intrigue d’espionnage, alors que les forces révolutionnaires sont en train de vaincre le régime du dictateur Batista. Son roman, Our Man in Havana, paraît en 1958 et on l’adaptera au cinéma l’année suivante. Fidel Castro, récemment installé, y autorise le tournage car il estime que Greene est un homme de gauche.
Ce roman se veut une parodie des services secrets, entre autres ceux du M16 que Greene connaît bien. L’hôtel Sevilla y est très présent, de même que les hôtels Inglaterra et Nacional et le club de nuit Tropicana. On est plongé dans La Havane des maisons de jeux et casinos, de la prostitution et de l’omniprésence de la mafia qui contrôle ce commerce des plus glauque.
Il vaut vraiment la peine de vous plonger (ou replonger) dans ce roman de Graham Greene et de visiter l’hôtel Séville, avec ses bars et sa piscine ouverte aux non-résidents de l’hôtel. La dernière fois que l’écrivain britannique est venu à Cuba, c’était en 1983, lors d’une visite aussi brève — une vingtaine d’heures — que mystérieuse. Il arrivait du Nicaragua dans un avion affrété par le gouvernement sandiniste. Garcia Marquez fut parmi les rares personnes, y compris Fidel, à le rencontrer à cette occasion. Ils étaient tous deux soudés par un même destin : L’écrivain colombien de même que l’écrivain britannique étaient interdits de séjour aux États-Unis, « pour des raisons que ni les propres présidents américains ne pouvaient expliquer », raconte Marquez.
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