Lorsque sa mère l’a déposé à l’école ce jeudi de novembre, Nathan Berhow a sorti un pistolet semi-automatique de calibre .45 de son sac à dos, il a ouvert le feu et tué deux camarades de classe, le tout avec une arme qu’il avait assemblée chez lui.
La police a découvert que l’adolescent s’était servi d’une arme «en kit» achetée sur internet. Ces armes, sans numéro de série, souvent appelées «armes fantômes» sont quasi intraçables et échappent à toute réglementation, dans un pays qui a connu ces dernières années plusieurs tueries sanglantes sans que cela remette fondamentalement en cause la législation sur les armes.
Les pièces détachées sont faciles à trouver sur internet, sans vérification sur les antécédents de l’acheteur.
Ces armes en kit sont aussi appelées «pistolets 80%», car elles sont vendues déjà assemblées à 80%. Il suffit alors de se procurer les 20% restants, vendus légalement, et d’assembler le tout pour disposer d’une arme non enregistrée.
Nathaniel Berhow, 16 ans, s’est tiré une balle dans la tête après son attaque le 14 novembre à l’école Saugus de Santa Clarita, près de Los Angeles. Il est mort le lendemain des suites de ses blessures.
L’arme qu’il a utilisée en kit n’avait rien d’illégal.
Le seul élément des armes à feu vraiment régulé aux États-Unis est en effet la carcasse de l’arme, sur laquelle on inscrit un numéro de série.
« La pièce soumise aux vérifications d’antécédents est la seule à laquelle les lois fédérales imposent de porter un numéro de série », explique David Pucino, du Giffords Law Center, une ONG au nom de Gabby Giffords, une ancienne élue grièvement blessée par balle en 2011.
«On peut acheter librement toutes les autres pièces détachées et elles ne sont pas considérées comme des armes à feu», ajoute-t-il. «Ce que les fabricants font, c’est vendre la carcasse de l’arme pas complètement finie.»
« Fantômes »
«Il reste quelques trous à percer dans la carcasse», poursuit M. Pucino, car si les trous avaient été percés, l’arme aurait légalement dû porter un numéro de série et être liée à des vérifications d’antécédents de l’acheteur.
Des cadres d’armes à feu fabriqués par une imprimante en 3D peuvent donc être adaptés à des pièces détachées d’armes automatiques et contourner la législation.
Les autorités américaines estiment que 30% des armes trouvées sur des lieux de crime en Californie n’ont pas de numéro de série et ne peuvent donc pas être liées à des crimes précédents.
L’État du New Jersey a interdit les pièces détachées d’armes privées de numéro de série et la Californie a adopté une loi qui entrera en vigueur dans cinq ans et qui interdit à tout fabricant d’armes licencié de les commercialiser.
Ces mesures vont limiter le nombre d’armes « fantômes », mais selon le Giffords Law Center, seule une loi sur les numéros de série peut régler le problème.
Pour Mark Tallman, de l’université d’État du Colorado, les «armes fantômes» remontent aux débuts de l’histoire des États-Unis et leur existence n’a pas un gros effet sur la criminalité.
« La plupart des armes vendues aux États-Unis ne sont pas enregistrées et la plupart des crimes à l’arme à feu aux États-Unis sont commis par des délinquants qui ne pourraient pas les acheter si leurs antécédents étaient vérifiés », ajoute cet expert des questions de sécurité.
«Les trafiquants peuvent aussi acheter des armes “normales” et utiliser des outils peu coûteux pour effacer les numéros de série. L’impact de ces armes en kit est donc très difficile à évaluer», nuance M. Tallman.
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