La peau et les cheveux grisés par de l'argile, une centaine de Femen ont traversé en silence samedi le cimetière du Montparnasse, à Paris, pour dénoncer les féminicides et réclamer au gouvernement «une mobilisation plus forte», a constaté une journaliste de l'AFP.
Chacune portait une pancarte noire en forme de stèle, où figuraient les noms de femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon cette année: «Taïna, 20 ans, 3e féminicide», «Michèle, 72 ans, 10e féminicide», «Fabienne, 51 ans, 36e féminicide», «Marie-Alice, 53 ans, 51e féminicide», «Audrey, 37 ans, 66e féminicide», «Denise, 58 ans, 92e féminicide», «Clothilde, 35 ans, 96e féminide», «Salomé, 21 ans, 100e féminicide».
«Pas une de plus», «Plus écoutées mortes que vivantes», avaient crié les manifestantes dans les rues voisines, avant d'entrer calmement dans le cimetière. Défilant sous la pluie, les Femen avaient inscrit en lettres blanches sur leur buste dénudé «Je ne voulais pas mourir», «Je l'ai quitté, il m'a tuée» ou «On me prendra au sérieux quand je serai morte».
Avec cette «marche symbolique», pour représenter «les 114 femmes victimes de féminicides» en France recensées par un collectif militant depuis le début de l'année, les Femen ont voulu interpeller le «pouvoir en place», a expliqué l'une d'entre elles dans une déclaration. «Nous rappelons que la plupart» de ces femmes, «avant d'être assassinées, avaient été victimes de violences intrafamiliales et avaient alerté la société civile, la police, la justice, des menaces qui pesaient sur elles», a-t-elle ajouté, très émue.
Un mois après le début d'une vaste concertation autour des violences conjugales, lancé le 3 septembre, «la mobilisation ne doit pas faiblir. Les féminicides ne sont pas une fatalité, mais bien un fléau que l'on peut endiguer», a-t-elle martelé.
Inna Shevchenko, figure de proue du mouvement Femen, a déclaré à des journalistes que «le plus important aujourd'hui, c'est de commencer à entendre les femmes». «Nous voulons que la mobilisation soit plus forte encore de la part du gouvernement, des juges, des policiers (...). Chacune d'entre nous est potentiellement victime de violences conjugales, de féminicide», a-t-elle souligné.
En 2018, 121 femmes avaient été tuées en France par leur conjoint ou ex-compagnon, selon le ministère de l'Intérieur.
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