À quoi ressemblent les cours d’école de vos enfants? Au moment où ils y passent plus de temps que jamais, Le Journal en a évalué des centaines. Un dossier à suivre jusqu’à lundi.
Quelques semaines après l’implantation de deux récréations obligatoires, de 20 minutes par jour dans les écoles du Québec, le tiers des cours d’écoles primaires n’obtiennent pas la note de passage lorsqu’on évalue la qualité et l’état de leurs installations, révèle une enquête du Journal.
Au cours des derniers mois, 523 cours d’école de Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Lévis ont été visitées.
De ce nombre, 418 ont été évaluées à l’aide d’une grille conçue à partir de nombreux documents de référence et avis d’experts. Les 105 autres n’ont pas fait l’objet d’une évaluation puisque des travaux étaient prévus cet été ou s’y déroulaient lors de notre passage.
État physique des lieux, espaces verts et variété d’aménagements, tout a été soigneusement évalué selon des critères qui s’apparentent aux nouvelles recommandations du ministère de l’Éducation à ce chapitre.
Comme «un Walmart»
Lors des visites du Journal, 136 cours d’école n’ont pas obtenu la note de passage de 60 %, ce qui représente le tiers des établissements évalués.
Dans plusieurs cas, il s’agissait de cours asphaltées, sans arbres ni verdure, où trônent des paniers de basket-ball défraîchis. Le tout entouré d’une clôture métallique.
«Ça et une cour de prison, c’est pas mal pareil!», lance l’architecte Pierre Thibault, un des cofondateurs du Lab-École. Certaines cours d’école construites récemment ressemblent même à «l’équivalent d’un stationnement de Walmart», déplore-t-il.
À l’inverse, des cours de récréation se sont démarquées positivement. Il ne s’agissait pas toujours des plus récentes, mais plutôt de celles qui étaient bien entretenues, avec de la verdure et une variété d’aménagements pour les élèves.
Une importance sous-estimée
Invités à réagir à notre reportage, plusieurs experts s’interrogent sur le peu d’importance accordée à l’état des cours d’école.
«Les gens la sous-estiment beaucoup, pourtant, l’impact de la cour d’école, c’est fondamental», indique Sylvain Turcotte, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation physique de l’Université de Sherbrooke.
Depuis la rentrée, les élèves québécois passent d’ailleurs plus de temps que jamais dans leur cour d’école. Ils ont désormais droit à deux récréations quotidiennes obligatoires, d’une durée de 20 minutes chacune, en plus d’y jouer plusieurs fois par jour, lorsqu’ils fréquentent le service de garde.
«Un carré d’asphalte, that’s it!»
Les attentes envers la cour d’école ont évolué au fil des ans. Selon le Guide de planification immobilière publié par le ministère de l’Éducation à l’intention des commissions scolaires, on devrait normalement y retrouver de la verdure, des aménagements variés pour petits et grands, y compris des zones de repos qui permettent aux élèves de faire autre chose que des jeux de ballon.
Plusieurs cours d’école sont toutefois loin de répondre à ces critères, a constaté Le Journal, tout comme l’architecte Pierre Thibault : «La cour de l’école primaire de mon enfance n’a pas changé depuis 50 ans : c’est un carré d’asphalte, that’s it ! Il n’y a pas un arbre, c’est quand même incroyable!», lance-t-il.
26 % des cours d’école ont des potagers
Les potagers et les boîtes à fleurs ne sont plus l’exception dans les cours d’écoles québécoises : les bacs de terre où les jardins étaient présents dans 26 % des cours de récréation évaluées cet été. Dans certaines écoles, l’aménagement d’un potager dans la cour d’école est l’aboutissement d’un projet pédagogique démarré en classe, comme à l’école des Petits-Explorateurs à Longueuil (sur la photo). À d’autres endroits, cette initiation au jardinage est rendue possible grâce à l’implication d’enseignants, de parents ou de membres de la communauté.
4 % des cours d’école ont des fontaines d’eau
Les fontaines d’eau permettant aux élèves de s’hydrater dans la cour, sans avoir à retourner à l’intérieur de l’école, sont une denrée rare. Dans les cours de récréation visitées par Le Journal, seulement 16 en sont munies, soit 4 % d’entre elles, dont celle de l’école Fernand-Séguin à Québec (sur la photo). Les points d’eau extérieurs brillent aussi par leur absence dans les nouvelles cours de récréation qui accompagnent les écoles récemment construites.
Des classes extérieures rares, mais de plus en plus populaires
Les classes extérieures, qui permettent aux élèves de faire la classe en plein air, sont rares, mais de plus en plus populaires. Notre enquête a permis de recenser une vingtaine d’installations (5 % des cours de récréation évaluées), mais il est possible que certains aménagements aient échappé à la vigilance de nos collaborateurs. Il peut s’agir de bancs ou encore d’estrades qui permettent aux élèves de se regrouper pour apprendre des notions de sciences ou de mathématiques en plein air, comme à l’école Marguerite-Bourgeoys à Québec (sur la photo). De nombreuses écoles prévoient aménager des classes extérieures dans leur cour prochainement, a-t-on indiqué au Journal.
7 % des cours d’école ont des aménagements qui protègent de la pluie ou du soleil
Parmi les cours d’école évaluées, 7 % disposent d’aménagements permettant de protéger les élèves de la pluie ou du soleil, comme des toiles, des préaux ou des installations avec un toit. Sur la photo, on peut voir le pavillon extérieur situé dans la cour de l’école Sainte-Monique à Québec. «Un abri extérieur dans une cour d’école, ça doit devenir la norme», affirme l’athlète Pierre Lavoie, cofondateur du Lab-école, afin de permettre aux enfants d’être dehors en tout temps.
Au cours des derniers mois, Le Journal s’est entretenu avec de nombreux experts qui s’intéressent à l’aménagement des cours d’école et à ses impacts dans la vie des élèves.
Ces entretiens, appuyés par plusieurs documents de référence, ont permis d’élaborer la grille d’évaluation suivante, basée sur des critères qui pourraient correspondre à la cour d’école idéale.
Cet outil a été utilisé pour évaluer 418 cours d’école situées à Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Lévis, du début juin au début août.
Le total sur 15 points a par la suite été ramené sur 100, pour donner une note en pourcentage.
1) ENTRETIEN ET ÉTAT PHYSIQUE DES LIEUX (3 points)
Est-ce que la cour et ses équipements sont en bon état?
2) VÉGÉTATION ET ESPACE VERT (2 points)
Est-ce que la présence d’arbres, de gazon et de verdure est suffisante?
3) VARIÉTÉ DE SURFACE (1 points)
Est-ce que la cour d’école comprend une variété de surfaces? (asphalte, gazon, paillis, sable, revêtement synthétique, etc.)
4) AMÉNAGEMENT D’UNE ZONE DE REPOS ET DE SOCIALISATION (2 points)
Est-ce qu’on y retrouve du mobilier ou des éléments permettant de s’asseoir? (bancs, tables de pique-nique, éléments naturels, etc.)
5) AMÉNAGEMENTS POUR JEUX INDIVIDUELS ET LIBRES (2 points)
Marelle, ballon-poire, carré de sable, module de jeux, balançoires, etc.
6) AMÉNAGEMENTS POUR JEUX COLLECTIFS (2 points)
Présence de paniers de basket-ball, buts de soccer, etc.
7) AUTRES ÉLÉMENTS (0,5 point pour la présence de chacun des éléments suivants)
- Aménagements qui répondent aux besoins de plusieurs groupes d’âge
- Protection contre la pluie et le soleil (toile, préau, etc.)
- Aménagement pour faire la classe à l’extérieur
- Fontaines d’eau permettant aux enfants de boire de l’eau dans la cour
- Potagers
- Éléments naturels : roches, souches, billots de bois, butte, etc.
TOTAL : 15 points
Notes méthodologiques
Règle générale, les écoles dont la cour était en rénovation ou utilisée pour des travaux cet été n’ont pas été évaluées (105 écoles sur 523).
L’évaluation porte sur la cour de l’école et ne tient pas compte des installations municipales parfois situées à proximité (ex : parc municipal avec module de jeux ou terrain de soccer), excepté dans de rares exceptions où les limites entre la cour de l’école et le parc municipal étaient trop difficiles à déterminer.
Pour des raisons logistiques, il n’a pas été possible d’inclure la dimension de la cour dans la grille d’évaluation puisqu’il aurait été trop complexe de déterminer si la superficie de la cour est suffisante par rapport au nombre d’élèves qui s’y retrouve.
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