La famille Bettez poursuit la SQ pour 10 M$

Estimant que la police est à l’origine de la descente aux enfers de l’entreprise familiale, la famille Bettez poursuit la Sûreté du Québec pour plus de 10 millions de dollars.

« [La] conduite hautement répréhensible de la SQ [...] a eu des conséquences extrêmement lourdes sur la famille Bettez, dont certaines irréparables », peut-on lire dans la poursuite civile dont Le Journal a obtenu copie.

La famille Bettez estime que la police a tout fait pour convaincre la population que Jonathan Bettez serait un meurtrier et un pédophile. Or, l'homme n'a jamais été accusé dans l'affaire de la disparition et de la mort de Cédrika Provencher et a été acquitté dans une affaire de possession de pornographie juvénile.

«André Bettez, Huguette Drouin et Jonathan Bettez reprochent à la Sûreté du Québec d'avoir entraîné la déconfiture de l'entreprise familiale et de leur avoir fait vivre un véritable calvaire», peut-on lire dans le communiqué. La requête, une demande introductive d'instance en dommages, a été déposée jeudi.

« Enquête bâclée »

Entre autres, il est reproché au corps policier et «aux agents chargés de l'enquête d'avoir mené une “enquête bâclée”, en adoptant une vision de type télescopique, procédant à des fouilles, saisies et perquisitions illégales, abusives ou autorisées sur la base d'informations fausses ou trompeuses».

« On ne dispose alors d’absolument aucun motif raisonnable et probable de croire que Jonathan Bettez a eu en sa possession ou accédé à de la pornographie juvénile à quelque moment que ce soit », affirme son avocat dans la poursuite civile.

Dans le document de cour, le clan Bettez affirme que l’enquête se fonde sur un raisonnement boiteux : « à supposer que Jonathan Bettez soit effectivement la personne qui a enlevé et tué Cédrika Provencher [...], il doit également être un adepte de pornographie juvénile. S’il est adepte de pornographie juvénile, c’est qu’il est probablement la personne qui a enlevé et tué Cédrika Provencher. »

« Il s’agit de pure spéculation », peut-on lire dans la poursuite.

Au total, la famille Bettez réclame 9,4 millions de dollars à titre de dommages compensatoires et des dommages punitifs de l'ordre de 1 million de dollars. Elle est représentée par Jessy Héroux, de BTIC avocats.

L'objectif, a fait savoir l’avocat, est de «forcer la Sûreté du Québec à rendre des comptes».

«La famille Bettez n'accordera aucune entrevue à ce stade et ne fera aucune déclaration aux médias, sauf par le biais de leur procureur, souhaitant ainsi préserver le peu de vie privée qui leur reste», a-t-on précisé.

Longue saga

Au début de l'enquête sur la disparition de Cédrika Provencher, en 2007, les soupçons de la SQ s'étaient rapidement tournés vers Jonathan Bettez, l'homme possédant une Acura rouge, véhicule semblable à celui qu'aurait utilisé le meurtrier. Plusieurs mesures d'enquête, incluant des scénarios d'infiltration, ont été échafaudées par la SQ au fil des ans pour tenter d'élucider ce crime, sans succès.

Jonathan Bettez n'a jamais accepté de se soumettre au test du détecteur de mensonges dans cette affaire.

Les ossements de Cédrika, qui avait 9 ans au moment de sa disparition, avaient finalement été découverts en décembre 2015.

Par ailleurs, l'homme avait été arrêté en 2016 pour possession de pornographie juvénile. Deux ans plus tard, à l'automne 2018, il avait été acquitté de toutes les accusations qui pesaient sur lui.

Le juge Jacques Lacoursière avait invalidé les mandats de perquisition qui avaient mené à son arrestation. Le tribunal avait décrété que les informations obtenues dans le dossier ne pouvaient être considérées comme des éléments de preuve puisqu’elles avaient été obtenues de manière illégitime par les policiers.

Read More