Washington demande à l’Arabie saoudite de libérer le blogueur Raïf Badawi - News Read Free Here

Washington demande à l’Arabie saoudite de libérer le blogueur Raïf Badawi

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 Le vice-président américain Mike Pence a demandé jeudi à l’Arabie saoudite de libérer le blogueur Raïf Badawi, dans une rare prise de distance de l’administration Trump à l’égard de cet allié stratégique. 

 S’exprimant lors d’une conférence sur la liberté religieuse à Washington, Mike Pence s’est livrée aux habituelles dénonciations des violations de droits humains en Chine, en Iran ou au Venezuela. 

 Mais il a aussi soulevé le cas de Raïf Badawi, 35 ans, Saoudien critique du régime de Riyad et devenu un symbole des atteintes à la liberté d’expression. La séance de flagellation publique sur une place de Jeddah qu’il avait dû subir en 2015 avait suscité un tollé dans le monde. 

 Le vice-président américain a cité Raïf Badawi dans une liste de personnes détenues pour s’être exprimées sur les religions en Arabie saoudite, mais aussi en Érythrée, en Mauritanie et au Pakistan. 

 « Le peuple américain est à leurs côtés, et aujourd’hui les États-Unis d’Amérique appellent les gouvernements d’Érythrée, de Mauritanie, du Pakistan et d’Arabie saoudite à respecter le droit de conscience de ces hommes et à les libérer », a dit le vice-président républicain. 

 « En Arabie saoudite, le blogueur Raïf Badawi est toujours en prison sous l’accusation d’avoir critiqué l’islam sur des médias électroniques », a souligné Mike Pence. 

 Raïf Badawi est emprisonné depuis 2012 et a été condamné en novembre 2014 à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour « insulte à l’islam ». Les 50 premiers coups de fouet lui avaient été infligés en 2015 à Jeddah, mais les autres séances, qui devaient être hebdomadaires, avaient été suspendues après une vague de protestations. 

 Farouche défenseur de la liberté d’expression, Raïf Badawi avait demandé sur son site internet la fin de l’influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme, version rigoriste de l’islam. 

 L’ombre de Kashoggi 

 L’administration du président Donald Trump est sous pression des démocrates du Congrès et de certains républicains pour avoir répondu de façon trop conciliante selon eux à l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi, étranglé et démembré dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul.  

 Kashoggi, résident aux États-Unis, s’y était rendu pour effectuer une démarche administrative. 

 Donald Trump loue au contraire ses excellentes relations avec le prince héritier Mohammed Ben Salmane, homme fort du régime.  

 Il estime aussi qu’il n’est pas question de se brouiller avec un régime qui est un des tout premiers clients de l’industrie d’armement américaine et qui partage son hostilité à l’égard de l’Iran. 

 Signe de ces résistances à sa politique vis-à-vis de Riyad, le Congrès a voté mercredi une résolution bloquant une vente d’armes à l’Arabie saoudite, qu’il ne pourra surmonter qu’en y apposant son veto. 

 Le blogueur Raïf Badawi s’était vu décerner en 2015 le Prix Sakharov par le Parlement européen, une prestigieuse distinction en faveur des droits humains et de la liberté d’expression. 

 Son épouse, Ensaf Haidar, et ses trois enfants vivent à Sherbrooke.  

 Parmi les défenseurs des droits humains dont il réclame la libération, Mike Pence a également cité Junaid Hafeez, un universitaire pakistanais accusé d’avoir dénigré le prophète Mahomet en 2013. 

 En Érythrée, c’est l’ancien patriarche de l’Église orthodoxe Abune Antonios qui est en résidence surveillée depuis 12 ans. En Mauritanie, un autre blogueur, Mohamed Cheikh Ould Mkhaïtir, considéré par des ONG comme « symbole de la répression » dans le pays, avait été condamné à mort en 2014 pour « apostasie », c’est-à-dire le reniement de sa religion. 


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