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Un 4 juillet dénaturé

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Aujourd’hui, en ce 243e anniversaire de l’Indépendance des États-Unis, les Américains devraient célébrer ensemble leurs valeurs républicaines. À l’ère de Trump, toutefois, la fête reflétera les divisions du pays.

Pour nos voisins, le 4 juillet a toujours été l’occasion d’oublier les divisions partisanes et de célébrer les valeurs qu’ils ont en commun.

Avec un président déterminé à centrer les festivités dans la capitale sur sa personne et sur sa vision singulière des valeurs américaines, c’est le contraire qui risque de se produire.

Le sens du 4 juillet

La Déclaration d’Indépendance, c’était d’abord le rejet de la concentration excessive et de la personnalisation du pouvoir d’État. Parmi les autres valeurs républicaines célébrées aujourd’hui, il y a la primauté du droit et des institutions sur les caprices des dirigeants, l’unité dans la diversité et l’accueil des plus vulnérables.

Le 4 juillet rend également hommage aux fondateurs qui ont énoncé ces idéaux et à tous ceux qui se sont battus pour les faire avancer, malgré leurs travers. À l’ère de Trump, ils auraient bien du mal à reconnaître les valeurs qu’ils ont voulu transmettre.

Trumpisation de la fête

Alors que le président est habituellement discret lors des célébrations du 4 juillet à Washington, Donald Trump a choisi cette année de se mettre en vedette. Jaloux peut-être de ses copains Emmanuel Macron et Kim Jong-un, il a aussi insisté pour ajouter un défilé militaire au programme.

Le résultat sera probablement décevant, car les militaires américains ont mieux à faire que d’apprendre à marcher au pas d’oie et les rues de Washington risquent d’être réduites en purée par les chars d’assaut.

En se plaçant au cœur de la fête, Trump rappellera que la personnalisation du pouvoir, ­rejetée par les fondateurs, est l’essence même de sa ­présidence, lui qui prépare sa succession dynastique en propulsant sa fille Ivanka à l’avant-scène. Quant à l’accueil des plus vulnérables aux frontières, on sait ce que Trump en pense.

Il serait étonnant que Trump ne transforme pas son discours en ralliement partisan. En fait, toutes les meilleures places ont été réservées à ses proches, aux grands bonzes républicains et aux donateurs de sa campagne.

Et ce n’est pas tout

Évidemment, le discours de Trump donnera lieu à des manifestations d’opposants, que les partisans du président ne manqueront pas d’accuser ­d’antipatriotisme. Pour les ­partisans inconditionnels d’un président qui qualifie de traîtres ses opposants politiques et ­d’ennemis du peuple les membres de la presse, il n’y a plus de démarcation entre la patrie et le parti. James Madison doit se retourner dans sa tombe...

Et il n’y a pas qu’à droite qu’on malmène la mémoire des fondateurs. À Charlottesville, patelin du rédacteur de la Déclaration d’Indépendance, le conseil municipal démocrate a décidé d’abolir la célébration annuelle de l’anniversaire de Thomas Jefferson, qui n’était pas à la hauteur de ses idéaux. La polarisation va dans les deux sens.

Tout cela ne m’empêchera pas de souhaiter à tous mes amis américains un très joyeux 4 juillet !


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