La pollution par le plastique a atteint un sommet au cours des dernières années dans le fleuve Saint-Laurent, déplorent de nombreux plongeurs professionnels qui observent une prolifération des déchets sous l’eau.
« Il y en a beaucoup plus qu’auparavant. On en trouve dans le fond de l’eau, entre deux eaux et en surface », affirme le plongeur professionnel et cinéaste des profondeurs océaniques Mario Cyr.
Avant d’aboutir sur des plages des Îles-de-la-Madeleine, les déchets de plastique se propagent aussi dans les profondeurs du fleuve Saint-Laurent.
M. Cyr, un Madelinot d’origine, constate que le fleuve transporte plus que jamais des « plastiques volatiles », tels que des sacs et des bouteilles d’eau.
« C’est un fléau immense qui prend de l’ampleur énormément », raconte le plongeur comptant 44 ans d’expérience et qui a scruté les fonds marins d’une soixantaine de pays.
Photo Agence QMI, Joël Lemay
Le réputé plongeur Mario Cyr, qui explore les fonds marins des quatre coins de la planète depuis plus de 40 ans, s’inquiète de l’augmentation de la pollution plastique dans les océans, mais aussi chez nous. «Les petits plastiques volatiles comme des pailles, des bouchons, des sacs et des bouteilles d’eau, c’est ce qu’on voit le plus. On sait aussi que ça prend des centaines d’années à disparaître», dit-il.
Mario Cyr a récemment trouvé un poisson coincé dans des anneaux de plastique servant aux canettes de bière, dans le secteur de la Côte-Nord. « On peut se douter qu’il y en a d’autres comme ça », dit-il.
« C’est vraiment partout »
La plongeuse et instructrice Marie-Pier Lessard abonde dans le même sens.
« Ça n’arrive plus de faire des plongées [au Québec] sans voir aucun déchet. C’est plate à dire et c’est triste, mais il y a toujours des débris quelque part, soit un restant de sac de plastique, une paille, une fourchette, un bout de plastique que tu ne peux pas identifier parce que c’est quelque chose qui s’est désagrégé. C’est vraiment partout », raconte-t-elle.
Le son de cloche est le même pour Paul Boissinot, président de la Fédération québécoise des activités aquatiques et subaquatiques du Québec, qui plonge chez nous depuis 50 ans.
« Des bouteilles de plastique, il y en a partout. Elles finissent par casser et traînent au fond », dit-il d’un ton découragé.
« On dirait qu’on voit de plus en plus de bouteilles d’eau en plastique. Il y en a plein, et les gens ne savent plus où les mettre », renchérit pour sa part, Christian St-Pierre, propriétaire de la boutique Scubatech et plongeur depuis 27 ans.
Jusque dans l’Arctique
Mario Cyr raconte par ailleurs avoir vu, il y a près de deux ans, un sac de plastique « vieux de 10 ou 20 ans » pour la toute première fois, dans les profondeurs de l’Arctique. Une découverte inquiétante, dit-il.
« Ça veut dire que c’est vraiment rendu partout. On couvre tellement petit sous la banquise de l’Arctique que si on en voit un, ça veut dire qu’il doit s’en trouver des centaines, voire des milliers », affirme le réputé plongeur.
Ballons et mégots
Lors des corvées de nettoyage des plages aux Îles-de-la-Madeleine, plusieurs ballons d’anniversaire ont été ramassés, comme celui que l’on aperçoit ci-dessus.
Ces déchets sont aussi présents un peu partout dans les fonds marins du Québec et causent d’importants dommages chez plusieurs mammifères, affirment scientifiques et plongeurs.
« Les gens les envoient dans le ciel, mais ils finissent par redescendre. J’en retrouve avec les rubans dans le fond. C’est très coloré et ça attire les phoques ou les tortues parce que ça ressemble à une méduse dans l’eau, comme des sacs de plastique », indique le plongeur Paul Boissinot, qui explore les fonds marins depuis 50 ans.
Par ailleurs, il s’inquiète aussi de la forte présence de mégots de cigarettes, une « vraie plaie », dit-il.
« On n’en parle pas assez, mais c’est probablement un des plus grands fléaux de plastique sur la planète. Le filtre est rempli de microplastiques qui contiennent près de 1000 produits chimiques, qui peuvent être ingérés par les poissons », déplore-t-il.
Inondations
Selon les plongeurs interrogés par Le Journal, les récentes inondations au Québec, bien qu’imprévisibles, causeront un tort irréparable aux cours d’eau et à la faune marine, alors que la crue des eaux a emporté avec elle une importante quantité de déchets.
« Ce n’est rien pour aider le milieu marin. Je regardais les nouvelles, je voyais toutes les maisons inondées avec les bacs de poubelles renversés dans l’eau et les sacs de poubelle qui flottaient. C’est certain que plusieurs ont été ramassés, mais beaucoup seront partis avec le courant », affirme la plongeuse et instructrice Marie-Pier Lessard.
« C’est majeur. C’est sûr qu’il y a plein de trucs qui vont se retrouver dans le fleuve. On va en retrouver, c’est certain », renchérit Christian St-Pierre, qui plonge partout au Québec depuis 1992.
LE CYCLE DE VIE DU PLASTIQUE
- Sac : 20 ans
- Gobelet : 30 ans
- Paille : 200 ans
- Attache canette : 400 ans
- Bouteille : 450 ans
- Verre : 450 ans
- Capsule à café : 500 ans
- Couche pour bébé : 500 ans
- Brosse à dents : 500 ans
Le top 5 des déchets
Au Canada, 46% des déchets plastiques dont les marques étaient encore lisibles, provenaient des entreprises suivantes :
- Nestlé
- Tim Hortons
- McDonald's
- Starbucks
- Coca-Cola
Source : Greenpeace
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