Non, nous ne sommes pas sur l’île de Sainte-Hélène, près des côtes africaines, où Napoléon vécut, en exil, les six dernières années de sa vie, mais sur une autre île, à Cuba, dans les Antilles.
La visite que je vous propose comporte deux volets, tout aussi spectaculaires l’un comme l’autre.
Il y a tout d’abord cette maison située près de l’Université de La Havane, rue San Miguel, au coin de la rue Ronda, dans le quartier Vedado. Un palais, plutôt, digne d’un président ou d’un monarque. Construite dans les années 1920, dans le plus pur style de la renaissance florentine du XVIe siècle, cette demeure, qui appartenait à un riche politicien, Orestes Ferrera, offre tout de même différentes influences architecturales et de décoration, selon l’usage attribué à chaque pièce et à chaque étage. Il faut admirer les boiseries en acajou, les planchers et les marbres venus d’Italie, les plafonds, les fers forgés, les luminaires et les immenses persiennes en vitraux teintés de vert qui offrent une luminosité exceptionnelle, le jardin et le patio intérieur, au dernier étage.
Ferrera et son ami, le magnat du sucre Julio Lobo, étaient tous deux entichés de Napoléon. Pendant des années, ils ont rassemblés près de sept mille objets ayant appartenu à Napoléon Bonaparte, à Joséphine et à sa famille ou qui ont à voir avec l’empereur corse : des objets personnels comme le fameux tricorne, des bijoux, des vêtements, des armes, épées, sabres, pistolets et pièces d’artillerie légère, des œuvres d’art, des peintures dont celle reproduisant la bataille de Waterloo, du mobilier divers réalisé par les meilleurs ébénistes et artisans de l’époque, des vases magnifiques et même un masque mortuaire en bronze de Napoléon réalisé, deux jours après son décès, par son médecin, qui l’emmena lui-même à Cuba où il s’installa. Il faut se recueillir quelques longues minutes pour apprécier la bibliothèque et ses quatre mille titres, en français, en anglais et en espagnol, dont certains ouvrages datant du XVIe siècle. Ne pas manquer d’admirer son plafond magnifique en cèdre du pays. Un moment magique qu’apprécieront les collectionneurs de livres anciens.
Ce musée, très bien conservé et qui a mérité le prix national de la Restauration, en 2012, rassemble la plus volumineuse collection de pièces de l’époque napoléonienne et il figure, à ce titre, parmi les plus importants au monde. C’est l’occasion rêvée de se plonger dans une période de l’histoire trop peu connue au Québec. C’est, selon moi, un des plus beaux et intéressants musées de La Havane.
Le musée est ouvert du lundi au samedi, entre 10h et 18h. Le prix d’entrée est de 3 cuc (5 cc avec un guide parlant espagnol).
Après la visite, allez au resto-bar Cuba Pasion, à deux pas du musée, sur la rue L, en face de l’hôtel Colina. Saluez mon ami Emrah, le propriétaire des lieux, il parle français et vous dégusterez un des meilleurs Mojitos en ville.
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