« On peut tromper tout le monde pendant un certain temps, et certaines personnes tout le temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps. »
La phrase est attribuée à Abraham Lincoln, bien que les historiens n’aient pas de preuve certaine, car les enregistreuses n’existaient pas à son époque.
Il reste que la phrase capture parfaitement la débandade de Justin Trudeau.
Il est normal qu’un politicien bénéficie d’une lune de miel au début, puis qu’il perde des plumes.
Il n’est pas normal que la chute soit si vertigineuse et si rapide. Trudeau surnage uniquement parce que Scheer n’impressionne personne.
Il faut dire qu’il partait d’incroyablement haut.
J’étais en Espagne quelques semaines après son élection. Mes amis là-bas étaient jaloux de nous.
Ils nous enviaient. Ils auraient voulu un Justin chez eux. Je me mordais les joues pour ne pas gâcher la soirée.
Le temps, me disais-je, ferait le boulot. Il l’a fait.
Le gars trouve des milliards – votre argent et le mien – pour acheter un oléoduc à une entreprise privée, mais il ne trouve pas d’argent pour fournir de l’eau potable aux Autochtones.
Le gars est le plus farouche adversaire de la nation québécoise, mais il se montre subitement « ouvert » au test de valeurs que le gouvernement Legault veut imposer aux immigrants.
Le gars fait la morale à la planète, mais a été personnellement blâmé par le commissaire à l’éthique pour ses amitiés particulières et pour avoir contourné le processus judiciaire normal.
Le gars avait promis d’équilibrer le budget à la fin du premier mandat.
Le cadre financier du PLC prévoit des déficits d’environ 20 milliards $ par année pour chacune des quatre prochaines années, qui viendront alourdir la dette globale.
Et ces chiffres n’incluent pas la promesse libérale d’introduire une assurance médicaments pancanadienne... dans un champ de juridiction des provinces.
Dans les cercles internationaux, on a rangé les lunettes roses et on voit maintenant le gars pour ce qu’il est : un poids plume.
J’ai le plus infini respect pour les professeurs d’art dramatique au secondaire, mais je suis sûr qu’ils admettraient tous que c’est une préparation un peu courte pour être premier ministre du Canada.
Justin, lui, y a vu un joli rôle de plus.
Mais le peuple, comme l’aurait dit Lincoln, a fini par voir clair.
Le prince est nu, et il n’y a plus de costumes dans sa garde-robe.
Mais attendez, attendez...
Une angoisse m’étreint tout d’un coup. Mon Dieu...
Pour qu’un gouvernement fédéral soit majoritaire, un parti doit récolter au minimum autour de 36-37 % du vote total à la grandeur du Canada.
Trudeau est loin du compte et il ne reste que neuf jours de campagne. S’il devance les conservateurs, il sera fort probablement minoritaire.
Imaginez un Justin Trudeau minoritaire, ayant promis des milliards qu’il n’a pas, qui aurait besoin de l’appui du NPD et des verts, encore plus dépensiers que lui, s’il veut continuer à s’asseoir dans le fauteuil de premier ministre.
Mon Dieu...
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