Allemagne: le tireur voulait «commettre un massacre» dans la synagogue - News Read Free Here

Allemagne: le tireur voulait «commettre un massacre» dans la synagogue

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Berlin | L’Allemand de 27 ans qui a abattu deux personnes mercredi à Halle voulait «commettre un massacre» dans la synagogue où des Juifs célébraient la fête de Yom Kippour, a indiqué jeudi le procureur fédéral allemand, Peter Frank. 

«Ce qui s’est passé hier, c’était du terrorisme», a-t-il déclaré devant la presse à Karlsruhe, ajoutant que le jeune homme «avait l’intention de commettre un massacre» dans l’édifice religieux, dont il n’a pas réussi à forcer la porte. 

Il a décrit le jeune homme identifié seulement par «Stephan B.» comme «marqué par un antisémitisme effrayant, une haine de l’étranger». 

Le procureur a précisé que le tireur était «lourdement armé» au moment de commettre son forfait et que certaines de ses armes étaient «à vue d’oeil de fabrication artisanale». 

Dans sa voiture quelque 4 kg d’explosifs ont également été retrouvés. 

«Il voulait entrer dans la synagogue pour tuer plusieurs personnes», a-t-il encore dit. 

L’assaut, filmé, a fait 2 morts mercredi. Il a été diffusé en direct pendant 35 minutes sur une plateforme internet. 

Mais le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si la porte fermée à double tourd de la synagogue, où priaient environ 80 fidèles en plein Yom Kippour, la plus grande fête religieuse juive, n’avait pas résisté aux coups de fusil de l’assaillant. 

La ministre de la Justice, Christine Lambrecht, a souligné de son côté que l’attaque était «un attentat d’extrême droite» commis par une seule personne.  

Un solitaire amer et obsédé par l’internet 

Enfant unique ayant abandonné ses études, vivant encore chez sa mère et passant l’essentiel de son temps devant un ordinateur: l’auteur de l’attentat apparaît comme un solitaire ultra-radicalisé.  

«Il était toujours en ligne», a expliqué jeudi son père au journal Bild, précisant qu’il avait peu d’amis et passait plutôt de longues heures devant l’ordinateur.   

Né à Eisleben en Saxe-Anhalt, à une quarantaine de kilomètres des lieux de l’assaut, celui que les médias allemands identifient comme Stephan Balliet vivait à 27 ans toujours chez sa mère depuis le divorce de ses parents lorsqu’il avait 14 ans.   

Après avoir obtenu son baccalauréat, le jeune homme a débuté des études de chimie qu’il a dû abandonner après une opération de l’estomac.   

Selon une voisine interrogée par Bild, il avait ensuite travaillé comme technicien radio.   

Son père, à qui il rendait visite régulièrement, le décrit comme quelqu’un de solitaire et renfermé: «Il n’était ni en paix avec lui-même ni avec le monde, il blâmait toujours les autres».   

Plus «atteignable»   

«Nous nous disputions encore et encore, mon opinion ne comptait pas. Je n’arrivais plus à l’atteindre», explique-t-il.   

Comme l’Australien responsable en mars des attentats contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande, ayant fait 51 morts, Stephan Balliet a filmé et diffusé en direct sur une plateforme internet ses agissements. Sur sa vidéo de 35 minutes, il laisse libre cours à sa haine des Juifs, des migrants et des féministes.    

Vêtu d’une veste militaire et d’un casque surmonté d’une caméra, on le voit échouer à pénétrer dans la synagogue de la ville, dont les portes sont fermées à double tour. Frustré, il tue deux personnes au hasard: une passante près de la synagogue, qu’il traitera de «porc», puis un peintre en bâtiment plus loin dans un restaurant turc.   

Dans sa vidéo, cet homme au crâne rasé s’insulte lui-même face à son plan qui ne se déroule pas comme prévu. Il se qualifie de «loser incompétent» et ajoute: «Je suis ici et puis je meurs, le loser que je suis.»    

«Manifeste»   

Stephan Balliet semble s’être radicalisé notamment en ligne. Dans sa vidéo, il exprime sa haine à l’égard des Juifs, affirmant en autre «que l’Holocauste n’a jamais existé» ou que la «racine de tous les problèmes, c’est le juif».   

Jusqu’à présent, il n’était pas connu des services de police et les autorités ne le considéraient pas comme un extrémiste de droite, selon la presse allemande.   

Officiellement, il ne détenait pas d’armes. Dans sa vidéo, il affirme avoir fabriqué ses propres armes, mais, alors que son fusil artisanal fonctionne mal, il s’excuse à plusieurs reprises auprès de ses abonnés.    

Il s’adresse de manière répétée aux «gars» censés voir sa vidéo en direct, comme s’il appartenait à une large communauté. Le film n’a toutefois été vu en direct que par 5 personnes, selon la plateforme concernée, Twitch.   

Suivant l’exemple du Norvégien Anders Behring Breivik, l’extrémiste de droite responsable de la mort de 77 personnes lors d’un attentat en 2011 dans son pays, Stephan Balliet a également publié en ligne un «manifeste» d’une dizaine de pages dans lequel il exprime notamment sa haine des Juifs.   

Ce choix «montre clairement qu’il n’essayait pas d’impressionner les néo-nazis locaux, mais que son “public” était sur des forums» en ligne, explique Peter Neumann, expert en terrorisme au King’s College de Londres. 


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