Une sexagénaire attaquée il y a deux mois par deux chiens enragés dans une brocante de Saint-Césaire, alors qu’elle cherchait un vélo pour son petit-fils, est toujours traumatisée d’avoir servi de véritable proie humaine.
L’agression de Geneviève Piacentini s’est produite en juin, mais elle se réveille encore deux à trois fois par nuit. Lorsque ce n’est pas la douleur qui la tient debout, ce sont les flash-back de cet épisode d’horreur qui a failli lui coûter la vie.
C’est dans sa résidence de Rougemont, en Montérégie, et entre deux traitements médicaux que l’intervenante de la Direction de la protection de la jeunesse fraîchement retraitée a reçu Le Journal hier, afin de raconter son cauchemar.
Elle était accompagnée de sa cadette Anne Castaigne, une jeune ingénieure de 29 ans qui s’occupe de gérer les rendez-vous, de remplir la paperasse et d’épauler sa maman du mieux qu’elle le peut.
Le 26 juin, Mme Piacentini se dirigeait vers Granby afin d’acheter un vélo dans un magasin à grande surface pour son petit-fils. L’enfant de six ans habite la Belgique, mais il devait débarquer chez sa grand-maman le lendemain pour un séjour de trois semaines au cœur des vergers de pommes.
En chemin, une brocante en bordure de la route 112, à Saint-Césaire, où plusieurs vélos pour enfant étaient exposés, a attiré son attention. Assurant avoir vu une pancarte indiquant que le « commerce » était ouvert et aucune barrière ne lui en bloquant l’accès, elle s’y est arrêtée.
Un trou dans le crâne
En marchant vers les articles, la femme de 60 ans a remarqué que deux molosses s’approchaient d’elle.
« J’ai immédiatement senti que j’étais en danger, se souvient-elle. Je suis tout de suite retournée vers ma voiture, mais ils ont eu le temps de m’attraper et m’ont projetée au sol. »
L’une des bêtes est littéralement montée sur son dos et l’empêchait de bouger. Les chiens l’ont d’abord scalpée en arrachant sa queue de cheval, puis ils se sont mis à mordre le derrière de sa tête, jusqu’à lui laisser un trou dans le crâne. Ils ont également mangé une partie de son bras et se sont rendus jusqu’à un os.
« J’étais carrément leur proie, dit-elle, toujours étonnée d’avoir vécu une telle horreur. Je les sentais me déchiqueter, mais c’est comme si ce n’était pas mon corps. À la fin, j’ai perdu espoir, j’ai fait la morte, je me suis dit que soit ils cesseraient, soit ils finiraient. »
Un policier ouvre le feu
Tout indique que Mme Piacentini est aujourd’hui en vie grâce à un bon samaritain en vélo qui lui a prêté secours. Le cycliste n’a pas pu s’approcher d’elle. Les chiens étaient trop agressifs et défendaient « leur proie ».
Peu de temps après, les premiers policiers sont arrivés sur les lieux. Ils ont tenté d’éloigner les bêtes avec du poivre de Cayenne à cinq reprises. En vain.
À un moment, le plus agressif s’est approché d’un agent et semblait vouloir l’attaquer. C’est à cet instant qu’il a dégainé son arme et a ouvert le feu sur lui. Même si la balle l’a bel et bien atteint, le molosse n’a pas semblé blessé.
Les chiens se sont quand même éloignés, probablement à cause du bruit du coup de feu, selon Mme Piacentini. Ils ont été euthanasiés quelques jours plus tard.
Quatre litres de sang
La sexagénaire a été conduite d’urgence à l’Hôpital général de Montréal, où elle affirme avoir bénéficié de soins exceptionnels.
Après avoir craint pour sa vie pendant quelques heures, les médecins sont finalement parvenus à la stabiliser.
Mme Piacentini, qui avait perdu pas moins de quatre litres de sang sur l’asphalte de la brocante, a reçu son congé après une dizaine de jours. Les problèmes sont alors apparus.
Comme les blessures la font encore souffrir des semaines plus tard, cette mère prend toujours des médicaments contre la douleur.
Elle espère toutefois que celle-ci diminuera bientôt puisque les docteurs ont mentionné que de la douleur chronique pourrait être l’une des séquelles de son agression.
La victime n’a toujours pas été indemnisée
La famille de la femme de 60 ans qui a été attaquée par des chiens et dont la vie a été complètement chamboulée déplore les délais interminables pour un suivi de santé adéquat.
Dès qu’elle a appris que sa mère avait été victime d’une horrible agression au début de l’été, Anne Castaigne s’est informée sur tout ce qu’elle devait faire pour que sa maman bénéficie des traitements nécessaires à son retour à la maison.
L’Hôpital général de Montréal et les CLSC qui ont pris en charge Geneviève Piacentini font un travail remarquable, assure sa fille. Le problème, ce sont les délais sans fin imposés par l’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) avant d’être pris en charge.
« À l’hôpital, les chirurgiens nous ont dit qu’un suivi psychologique rapide allait être absolument essentiel au bon rétablissement de ma mère, raconte Mme Castaigne. Ils m’ont expliqué que c’était nécessaire pour qu’elle se remette mentalement, mais aussi physiquement. »
Au privé
La famille a donc envoyé une demande d’indemnisation à l’IVAC afin de payer, notamment, les coûts d’un psychologue et d’un physiothérapeute. Comme l’organisme refusait d’assumer les traitements dans l’immédiat, la victime a dû se tourner vers le privé.
« Nous avons pris des spécialistes qui étaient reconnus par l’IVAC et avons conservé toutes les factures, mais encore à ce jour, ils ne peuvent nous confirmer qu’ils nous rembourseront », explique Mme Castaigne.
Jusqu’à présent, la famille a dû débourser environ 1500 $. Selon elle, ces dépenses devraient être prises en charge par l’IVAC.
Après des semaines d’attente, Mme Piacentini a finalement reçu un appel d’un haut placé de l’organisme mardi pour lui confirmer qu’elle venait d’être reconnue comme victime d’acte criminel. Ironiquement, ce développement arrive au lendemain de la publication d’articles dans les médias, où son nom était mentionné.
Read More
No comments:
Post a Comment