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Notre agriculture survit grâce à eux

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SAINT-RÉMI | Ils s’appellent Marvin, Gerson ou Flavio. Chaque été, ils sont des milliers à laisser derrière eux femmes et enfants pour venir gagner 10 fois plus d’argent ici. Le Journal est allé à leur rencontre.

Pour les patrons d’entreprises agricoles, ces employés sont loin de n’être que du cheap labour. Ils sont devenus essentiels au fur et à mesure que les Québécois délaissaient le monde agricole. Ils font même souvent partie de la famille, parce qu’ils reviennent année après année se donner corps et âme, en plus de dépenser dans les commerces du coin.

À Saint-Rémi, comme dans plusieurs autres localités du Québec, ils débarquent par dizaines en autobus scolaire jaune à l’arrivée du printemps.

Dans cette petite ville de 9000 âmes de la Montérégie, de l’épicerie à la pharmacie en passant par l’église, la rue Principale a des airs de « Petit-Guatemala ». À la pizzeria Mamo, le français se fait rare le jeudi soir, laissant place à l’espagnol.

« Si demain matin on n’avait plus ces travailleurs-là, on serait obligé d’importer nos fruits et légumes d’autres provinces ou d’autres pays », estime Jocelyn St-Denis, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec.

« La majorité des travailleurs proviennent du Mexique et du Guatemala », précise la porte-parole du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec Mélissa Lapointe.

Près de 80 % des participants au Programme des travailleurs étrangers temporaires travaillent en agriculture, ajoute-t-elle.

Crise économique

Or, ces salariés ne volent pas au secours des agriculteurs québécois près de six mois par année pour leurs beaux yeux. C’est avant tout le rêve d’une vie meilleure qui les conduit dans nos campagnes.

« On vit une crise économique au Guatemala. J’ai une fille de 11 ans et une plus jeune de 6 ans, confie Marvin Rene Cuà Tocorà, attrapé à la sortie de la Caisse populaire de Saint-Rémi. Si nous venons ici, c’est pour nos épouses, nos enfants. Au Guatemala, il n’y a pas de travail. »

Les employés étrangers du Potager Riendeau gagnent le salaire minimum, soit 12,50 $ de l’heure, en plus d’être logés et de voir une partie de leurs billets d’avion être payés.

« Chaque semaine, j’envoie l’argent gagné à ma mère. De retour chez moi, je vais aussi pouvoir construire ma maison », partage de son côté Gerson David Aju Gomez, croisé dans un bureau de transfert d’argent.

Au Potager Riendeau, rang Saint-Antoine, les travailleurs se réveillent à l’aurore. Du matin au soir, ils cueillent au gros soleil les fruits et légumes que les Québécois vont s’arracher quelques jours plus tard sur les étals des marchés.

Journée de 10 heures

« Ils commencent à 6 h du matin et finissent à 17 h. Des fois, ils peuvent travailler un peu plus tard dans le pic des ouvrages. Ils ne travaillent pas la fin de semaine, normalement. On arrête le samedi », précise le président de l’entreprise maraîchère, Clermont Riendeau.

Comme lui, sa mère, Thérèse Beaudin, qui tient le fort depuis 60 ans, n’a que de bons mots pour sa centaine d’employés.

Dans les années 1960, on n’avait qu’à passer en camion dans le village pour ramasser des travailleurs.

« À l’époque, les enfants venaient au champ à 7 ou 8 ans pour aider », se rappelle-t-elle.

Mais aujourd’hui, peu de Québécois veulent faire ce travail ardu.

Les travailleurs étrangers dans l’agriculture du Québec

26 % : augmentation de la demande de la part d’entreprises pour des employés entre janvier et juin 2019 par rapport aux mêmes dates l’an dernier

23 % : augmentation du nombre de salariés entre janvier et juin 2019, comparativement à la même période l’an dernier, ce qui laisse présager une année record

15 000 : nombre de travailleurs venus pallier les effets négatifs de la pénurie de main-d’œuvre l’année passée

Provenance des salariés en 2017

  • Mexique : 52 %
  • Guatemala : 45 %
  • Pays limitrophes : 3 %

Source : Ferme Québec


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