Avant même d’avoir 20 ans, Florence-Élyse Ouellette et Rachel Desbiens ont pris la décision d’avoir un enfant.
On a voulu savoir ce que ce choix de vie implique.
«Je suis tombée enceinte à 19 ans et je n’avais pas vraiment de carrière, raconte Rachel, qui a aujourd’hui 28 ans. Je suis allée à l’école en soins infirmiers parce que je savais qu’il y avait des débouchés et je voulais m’assurer d’avoir une job pour subvenir aux besoins de mon fils».
Établir un plan de carrière tôt a aussi été la stratégie empruntée par Florence-Élyse pour veiller au bien-être de sa famille.
«J’ai eu mon premier bébé à 17 ans. Au lieu de rentrer au cégep, j’ai pris une année sabbatique pour être maman puis j’ai fait un certificat en droit», explique l’assistante juridique et blogueuse de 44 ans.
Mère monoparentale aux études à temps plein et barmaid à temps partiel, Rachel n’a pas hésité à demander l’appui de son entourage.
«J’avais des amies mamans qui étaient dans la même situation que moi, donc on se serrait les coudes. Je demandais parfois à l’une d’elles de garder Malik pendant que je faisais mes shifts au bar les fins de semaine».
Florence-Élyse s’est pour sa part fiée à des modèles de femmes fortes qui l’entouraient pour guider ses choix de mère. «Je ne voulais pas que quelqu’un d’autre élève mon enfant alors j’ai plutôt pris exemple sur ces piliers. Ça m’a beaucoup aidé».
Jeune mère cherche ressources
Est-ce que les ressources extérieures pour les jeunes mères sont bien adaptées à leurs besoins? André-Anne Parent, professeure à l’École de travail social de l’Université de Montréal, croit que ça pourrait être mieux dans certains cas.
«Il existe des services, comme la distribution alimentaire et des programmes spéciaux, mais l’accès aux ressources dépend de plusieurs facteurs, dénote-t-elle. Si la mère est suivie par un intervenant ou si elle peut avoir un service personnalisé, ça va contribuer grandement à lui faire profiter des ressources. Mais si on ne fait que lui fournir une liste d’organismes ou de références, elle ira rarement chercher cette aide par elle-même. Ce n’est donc pas un moyen très efficace.»
Florence-Élyse a réussi à s’en sortir malgré un budget serré. «J’ai eu droit à des prêts et bourses, donc ça m’a donné un petit coup de pouce. Il faut aussi dire que, même si j’avais plusieurs obligations financières (épicerie, loyer, etc.), je n’avais pas de goûts extravagants et mon style de vie me convenait.»
Rachel, elle, s’appuyait sur les listes pour ne rien oublier et bien planifier ses finances. «Je revoyais mon budget chaque mois et j’essayais de voir où je pouvais couper.»
Un choix qui n’est pas pour tout le monde
Même si ces deux mères ont trouvé des façons de se débrouiller, les questions financières demeurent un gros frein dans les ambitions parentales des gens.
Selon un sondage du New York Times, 64% des répondants désirant avoir des enfants disent se retenir parce que c’est un choix de vie trop dispendieux. Pour ceux qui ne veulent pas d’enfant, le manque d’argent est le troisième facteur le plus cité derrière la perte de temps pour les loisirs.
«Je ne l’ai pas vu comme une épreuve. Je ne me suis jamais fixé de barrières parce que j’ai été maman jeune», affirme la blogueuse mère de trois enfants.
«C’est sûr qu’à 19 ans, tes amis veulent tous sortir prendre des verres et vivre leur jeunesse. Moi, je me suis entourée de personnes qui pouvaient comprendre les difficultés auxquelles je faisais face.»
À la lumière de ces témoignages, une question doit encore vous brûler les lèvres : est-ce qu’un parent jeune est nécessairement un parent cool?
«Les gens pensent souvent que j’ai eu une relation plus proche avec ma mère en raison du petit écart d’âge, mais en fait, pas vraiment», confie Joanie Komitas, la fille aînée de Florence-Élyse.
«Je crois que ma mère était plus sévère avec moi justement parce qu’elle ne voulait pas que les gens aient une mauvaise perception de la fille qui a eu ses enfants trop jeunes. La barre était plus haute que n’importe quel autre parent.»
Bien qu’être maman avant 20 ans comporte son lot de défis, cette décision s’est avérée enrichissante pour Rachel. «C’est la période de ma vie la plus difficile, mais aussi celle que je trouve la plus valorisante.»
Même son de cloche pour Florence-Élyse. «Ma fierté, c’est de voir le cheminement qu’on a parcouru ensemble.»
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