
ROBERVAL | Il aura fallu attendre la 65e édition de la Traversée internationale du lac Saint-Jean avant de voir une femme autochtone s’engager à compléter la mythique épreuve de 32 km. Soutenue par l’ensemble de la communauté de Mashteuiatsh, qui est située à un jet de pierre de Roberval, Alexann Petiquay s’apprête à réaliser une grande première.
Après cinq participations au Marathon de la relève de 10 km, la jeune femme se sentait prête à affronter le monstre et à nager aux côtés de quelques-uns des meilleurs spécialistes de la discipline. Mais la réalisation de ce rêve n’a pas été de tout repos pour Petiquay, qui a été forcée de s’exiler à Québec et à Montréal pour parfaire son développement de nageuse de longue distance.
«Ici, ma coach [Nancy Guay] me disait que si je voulais plus évoluer, elle m’a dit d’aller à l’extérieur de ma communauté pour me permettre de réaliser mon rêve. En saison hivernale, à Roberval, c’est une piscine de 20 mètres de quatre couloirs. Ce n’est pas vraiment d’adon pour une fille qui veut faire le 32 km», a raconté la nageuse de 22 ans qui peut s’entraîner jusqu’à quatre heures par jour à la piscine du Parc olympique avec le club Neptune Natation.
Une immense fierté
Malgré toute l’attention qu’elle reçoit depuis qu’elle a confirmé sa participation à ce marathon en eau libre, la fierté de la seule communauté autochtone du Saguenay–Lac-Saint-Jean reste bien humble. Si elle sait que son projet risque d’inspirer d’autres enfants innus, il n’y a qu’une pensée qui traverse son esprit depuis quelques jours et c’est celle de toucher à la plaque d’arrivée sous l’acclamation de centaines de spectateurs.
«Ça représente quelque chose de gros pour moi. C’est vraiment un exploit. Il n’y a pas vraiment de jeunes Autochtones qui nagent. Ça me rend fière. En plus, je viens d’ici, c’est mon lac. Le lac ne me fait pas peur. Cela dit, je me concentre sur le fait que ce soit ma course, peu importe que je sois Autochtone ou non», a souligné Petiquay, qui a aussi travaillé sa préparation mentale.
Déjà connue pour ses exploits aquatiques antérieurs, sa renommée a passé à un autre niveau dans les dernières semaines dans le petit village autochtone. Petiquay sera des quatre représentants canadiens avec Samuel Matte, Marie-Laurence Lortie et Dania Bélisle.
«Depuis que je l’ai annoncé sur les réseaux sociaux, il y a plusieurs personnes qui m’écrivent d’un peu partout. Quand je marche dans la rue pour aller à l’épicerie, il y a beaucoup de monde qui vient me voir. Ce fut aussi le cas au rassemblement pow-wow à Mashteuiatsh où des gens d’autres nations sont venus me parler. Il y a plusieurs jeunes qui sont venus me parler et je sais qu’il y a de jeunes Autochtones qui sont au Club Gami [de Roberval, où elle a fait ses premières armes].»
Sa mère Nathalie Dominique, qui l’a toujours soutenue, a vanté sa persévérance et sa détermination.
«Je sais qu’elle a fait beaucoup de concessions, de compromis et qu’elle a mis des choses de côté pour atteindre cet objectif. C’est une grande fierté. Puis, ça sort de la communauté. Ça aura un impact sur l’ensemble des communautés des Premières Nations du Québec. Les gens sont fiers et heureux», a confié la maman au Journal.
Des conseils d’un ancien champion
Signe de sa volonté à s’illustrer dans le monde de la longue distance, Alexann Petiquay est entrée en contact avec le double champion de la Traversée, Tomi Stefanovski, dans l’espoir d’aller éventuellement s’entraîner en Macédoine du Nord, le pays d’origine de l’ancien nageur. Il lui a même offert des conseils.
Nouveau défi pour Marcel Schouten
Un an après avoir été sacré vainqueur de l’épreuve de 10 km FINA à Roberval, le Néerlandais Marcel Schouten a décidé de plonger dans un défi beaucoup plus colossal en s’inscrivant à la légendaire course de 32 km. Survivra-t-il dans les eaux imprévisibles du lac Saint-Jean?
«Pour le 32 km, je n’ai pas d’attentes particulières puisque je n’ai pas nagé une aussi longue distance très souvent. J’ai fait un 36 km il y a trois ans en Italie où j’avais fini quatrième. Depuis, je n’ai pas nagé des courses plus longues que 25 km et c’est arrivé deux fois», expliquait-il près de la plaque d’arrivée.
«Ce n’est pas très souvent. Je ne sais pas comment je vais me sentir après six heures dans l’eau. Quand je nage un 25 km, mon corps est déjà mort quand il reste une demi-heure de course. On verra comment ça se passera samedi.»
Pas de combinaison
N’empêche que sa victoire dans la rade de Roberval, il y a deux mois, l’élève au rang de favori en vue de l’épreuve mythique en l’absence de ténors des années passées comme Xavier Desharnais et Guillermo Bertola.
À l’instar du champion de l’an dernier, Edoardo Stochino, Schouten n’a pas envie de porter la combinaison thermique samedi en raison du caractère spécial de l’événement, souhait qui sera vraisemblablement exaucé puisque la température de l’eau indiquait 20,5 degrés Celsius (68,9 °F) jeudi matin. Les prévisions météorologiques des prochaines heures aideront à conserver la chaleur du lac.
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