Un mauvais médicament aurait causé la mort de leur mère - News Read Free Here

Un mauvais médicament aurait causé la mort de leur mère

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La famille d’une dame de 94 ans décédée en 2017 après s’être fait administrer la mauvaise médication réclame 130 000 $ à son centre d’hébergement de la Montérégie.

Madeleine Jobin a perdu la vie le 3 janvier 2017 à la suite d’une agonie de plus d’une semaine, selon une poursuite civile déposée le 21 mai, au palais de justice de Longueuil.

Ses enfants, toujours en colère, sont depuis convaincus que le personnel « incompétent et insensible » du Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Sainte-Catherine « n’a rien fait du tout pour venir en aide à leur mère, et ce, pendant plusieurs heures », peut-on lire.

Le 24 décembre 2016, la fille de la défunte, Danielle Robert, a passé la soirée auprès de sa mère avant de la border, alors qu’elle était en bonne santé. La nonagénaire avait intégré le CHSLD 11 jours plus tôt.

Celle-ci était en perte d’autonomie notamment à cause de la maladie d’Alzheimer, stipule la requête.

Toujours le 24 décembre, vers 20 h, une infirmière auxiliaire a administré à Mme Jobin les médicaments destinés à une autre résidente, soit un mélange d’antipsychotiques, est-il écrit.

Le Commissaire local aux plaintes et à la qualité des services a révélé dans un rapport consulté par Le Journal que l’employée n’avait pas respecté la procédure. Constatant son erreur, elle a avisé un infirmier qui s’est alors contenté de la surveiller, allègue la famille dans sa poursuite.

Fête de noël

Mme Jobin n’a pas été transportée vers un hôpital, ajoute-t-on. De plus, ni un médecin, ni sa famille, ni le centre antipoison n’auraient été mis au courant avant le lendemain matin, soutient l’avocate Denise Boulet dans le document.

La lente agonie de l’aînée a été causée par le personnel qui a choisi « de maintenir la sérénité de la fête de Noël du médecin de garde, sans qu’elle l’ait requis », plutôt que de la soigner, lit-on dans la requête.

La famille se serait fait mentionner que la docteure « était avec ses enfants à ouvrir des cadeaux, mais qu’elle avait été appelée le matin », fait-on valoir.

Elle n’aurait quant à elle pu offrir que de l’oxygène à sa patiente, vu le temps écoulé depuis l’intoxication. La dame âgée ne s’en serait jamais remise et est finalement décédée 10 jours plus tard.

Le directeur nie

Chacun des cinq enfants de la défunte réclame 15 000 $, alors que deux de leurs conjoints demandent 5000 $ pour ce qu’ils considèrent de la « nonchalance » face à une patiente « vulnérable ». En tant qu’exécutrice testamentaire, Danielle Robert exige aussi 45 000 $ pour un total de 130 000 $ en dommages et intérêts.

Le directeur général du CHSLD de Sainte-Catherine, Perry Nadon, soutient qu’il n’y a aucun lien entre l’erreur de l’employée qu’il a par la suite congédiée et le décès de Mme Jobin.

« C’est une personne qui était sur le point de mourir dans le mois suivant », a-t-il argué au Journal, hier soir.

Les enfants encore dévastés après deux ans

Les descendants de la nonagénaire ressentent encore, deux ans plus tard, une énorme souffrance à la suite de la perte de leur mère dans de tristes circonstances.

« On est convaincus qu’elle avait encore quatre ou cinq ans devant elle. Aucun élément ne pouvait nous faire croire qu’elle mourrait dans un court délai. On voulait fêter ses 100 ans. Sa sœur a vécu jusqu’à 98 ans », a lancé hier Benoît Robert, fils de Madeleine Jobin, entouré de ses quatre frères et sœurs, lorsque rencontrés par Le Journal.

Leur deuil s’est grandement compliqué en raison de nombreuses questions sans réponse et d’un sentiment d’injustice qui les habite. Le fait d’avoir pris grand soin de leur mère en perte d’autonomie depuis des années les attriste au plus haut point.

« Elle claquait des doigts et on était là. Elle n’était jamais seule. On s’est occupé d’elle toute notre vie. Et là, en une semaine, c’était fini, rage l’une de ses filles Marie-Andrée Robert. Son décès doit servir à quelque chose. »

Marqués à vie

Pour sa sœur Danielle Robert, le souvenir qui la hante le plus, « c’est qu’on fêtait tous [Noël] avec nos familles pendant que notre mère ingérait ça », a-t-elle soufflé, en larmes.

Selon ses proches, Mme Jobin devait recevoir un médicament pour une infection urinaire. Le lendemain, toute la famille, enfants et petits-enfants, avait réservé une salle du centre à l’occasion de Noël.

« Elle nous avait demandé de préparer des cadeaux et elle disait avoir hâte au lendemain quand elle s’est couchée », a confié sa fille Danielle.

Par la suite, son état végétatif a marqué ses proches à vie.

« Elle était assommée dans sa chaise, et me demandait : “Qu’est-ce qui m’arrive ?”, a raconté Danielle Robert. Si c’était arrivé à quelqu’un qui n’a pas de visite, personne ne le saurait ? »

Pas d’excuses

« Pourquoi n’ont-ils pas envoyé une ambulance immédiatement ? », s’est questionné Sylvain Robert, qui croit que le personnel a réagi comme si la situation était sans importance.

« Le protocole n’a pas été respecté, c’est surtout ça le fondement du recours. Surtout sur une cliente vulnérable, a soutenu Me Denise Boulet, qui représente la famille. Elle aurait dû avoir un lavage d’estomac ou un antipoison. »

Leur colère est d’autant plus alimentée par le refus du CHSLD de reconnaître sa responsabilité. « On n’a jamais eu d’excuses », ont-ils conclu d’une même voix.


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