Chaque jour, l’Internet nous apprend que les milléniaux sont ainsi, que les baby-boomers pensent comme ça et que les Z arrivent bientôt pour tout virer à l’envers. Puis les X... bien, les pauvres X doivent s’être perdus dans l’algorithme quelque part parce qu’on n’en parle pas trop souvent.
À grands coups de titres sensationnalistes, d’études, de sondages et de memes, on essaie de nous faire gober qu’à peu près tout se vit à travers le prisme des conflits et des divergences générationnels. Surtout quand vient le temps d’aborder des sujets comme l’économie et le marché du travail.
Suis-je le seul qui commence à penser que c’est un peu de la foutaise tout ça?
Si le concept de génération est utile aux sociologues et aux pros du marketing qui observent et analysent les grandes tendances, les généralisations qui en découlent nous rendent un bien mauvais service dans notre quotidien et notre rapport aux autres.
À l’instar des stéréotypes raciaux, l’idée qu’on puisse juger a priori un individu en fonction d’une caractéristique anodine, sa date de naissance en l'occurrence, me parait ridicule et possiblement dangereuse. Bon, les amateurs d’astrologie me diront qu’on peut parfaitement décrire quelqu’un grâce à ça, mais ce sera pour un prochain débat.
Quand je déconnecte pour interagir avec le monde en vrai, je côtoie plein de gens qui défient les idées préconçues qu’on attribue à leur génération.
J’ai été l’employé de trop de baby-boomers qui étaient ouverts d’esprit, coopératifs et généreux pour croire à ce genre de titre grossier les accusant d’être une bande de sociopathes tyranniques.
J’ai rencontré trop de milléniaux faisant du bénévolat et développant des projets à valeur sociale pour adhérer à ces ragots qui les dépeignent comme des égocentriques obnubilés par leur cellulaire et Instagram.
Inversement, les jeunes n'ont pas le monopole des bonnes idées «full inspiro-créatives 2.0».
J’ai vu des amis déchanter rapidement en allant travailler pour une startup supposément très cool menée par des Y en jeans. Ce n’est pas parce que le boss tatoué dans le cou arrive en skate au bureau qu’il n’est pas un «sauteux de coche» autoritaire.
L'éthique de travail et le respect de la hiérarchie ne sont pas que l'affaire des générations pré-Internet non plus.
J’ai travaillé avec des cinquantenaires qui se plaignaient au moindre empiètement du travail sur leur vie personnelle et qui n'étaient pas gérables. Ce n’est pas parce que quelqu’un a jadis marché 10 km dans la neige pour se rendre à la petite école qu’il est plus vaillant et fiable que le jeune mangeur de toasts aux avocats.
Parlant de toasts aux avocats, peut-on arrêter de nous dire qu’on n’est pas propriétaire à cause de ça et de nos cafés à 5$? Ce sont probablement les facteurs les plus négligeables dans les enjeux financiers auxquels font face les «petits lapins».
Du coup, on pourrait aussi arrêter d’imaginer que quiconque né avant 1965 l’a eu facile. Surtout quand on pense aux femmes de cette génération qui sont débarquées dans un marché du travail pas toujours accueillant.
Pendant qu’on tente continuellement de présenter un narratif nous opposant tels des combattants sur l’affiche d’un gala du UFC, je constate de nombreux exemples de coopération intergénérationnelle.
Je pense à la famille Moreau que j’ai rencontrée lors d’un reportage l’an dernier. Quatre frères dans la vingtaine qui ont repris les opérations de l'érablière de leurs parents. Des jeunes valorisant le maintien d’une tradition familiale et des vieux qui comprenaient l’importance de les laisser faire les choses autrement.
Que les chercheurs en sociologie et experts en marketing continuent de nous catégoriser en grands groupes monolithiques, on n’y peut rien, c’est leur job.
Mais pour notre part, tentons de laisser ces divisions de côté.
Comme l’a si bien dit Martin Luther King : «Je rêve que mes quatre petits-enfants, leurs parents et leurs grands-parents vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la date inscrite sur leur certificat de naissance, mais sur la valeur de leur caractère.»
Pas la citation exacte, j'en conçois, mais on se comprend.
Signé un vieux Millenial... ou un jeune X... ou un Xennial... c’est pas clair, puis on s'en fiche!
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