Le repêchage de la LNH est de plus en plus suivi et documenté. Les espoirs admissibles à la séance de sélection de juin sont scrutés à la loupe pendant la saison au complet. Une fois le jour du repêchage venu, nombreux sont les amateurs qui s’assoient confortablement dans leur divan le vendredi soir pour être témoins de la sélection des étoiles de demain. Mais, comment se déroule une journée de repêchage pour les joueurs impliqués ? Grâce à l’étroite et très appréciée collaboration de la famille Pelletier-Latulippe, Le Journal a eu accès aux coulisses de cette importante journée pour l’attaquant des Wildcats de Moncton Jakob Pelletier.
Tout le monde le lui rappelait : les médias, ses coéquipiers, les partisans, les recruteurs. Malgré tout, le hockeyeur de Québec Jakob Pelletier n’avait jamais vraiment réalisé qu’il en était à son année de repêchage avant qu’il ne mette le pied à Vancouver, le 19 juin.
C’est à ce moment qu’il a compris. Les nombreuses affiches dans les rues de Vancouver, les reportages de plus en plus nombreux à la télévision et dans les journaux.
Vancouver était repêchage.
Mais, encore là, la tension et la nervosité n’ont assurément jamais été aussi importantes que lors du vendredi 21 juin. Traditionnellement, la première ronde du repêchage se tient le vendredi soir, alors que les rondes deux à sept ont lieu le lendemain.
Le vendredi, donc, les espoirs ayant des chances d’être sélectionnés au premier tour ont toute la journée pour se faire des scénarios, pour regarder une énième fois l’ordre du repêchage et s’imaginer avec quelle équipe ils pourraient se retrouver.
Pelletier n’y fait pas exception. Même s’il se dit calme lorsque Le Journal fait son entrée dans l’appartement qu’a loué sa famille à quelques pas du Rogers Arena, un peu moins de quatre heures avant le début de la première ronde, la fébrilité est palpable.
Dans la cuisine, Pelletier et sa mère, sa copine et celles de ses deux frères se font faire une beauté. Le père Mario et les frères Charles-Antoine et Thomas, un peu moins pressés, cachent tout de même mal leur nervosité.
Des scénarios
De son côté, le jeune hockeyeur commence à réaliser ce qui approche.
«Je commence à être nerveux. Je sens que je me rapproche de plus en plus de mon rêve», mentionne-t-il au représentant du Journal.
Le matin, les Flames de Calgary l’ont convoqué en entrevue, tandis que la veille, ce sont les Ducks d’Anaheim qui ont voulu lui faire passer un test médical.
Une formalité, puisqu’à ce moment, la liste finale des équipes est faite. Une année complète d’évaluation aux quatre coins de la planète ainsi que de nombreuses entrevues avec les joueurs ont permis aux différentes équipes de recrutement d’en venir à un consensus.
Pelletier ne veut pas se faire d’attentes, mais il sait quand même que les Kings de Los Angeles et le Lightning de Tampa Bay ont démontré qu’ils étaient intéressés à ses services. Les Kings repêcheront au 22e rang, tandis que le Lightning possède le 27e choix.
«Ce sont deux équipes avec qui mes entrevues ont très bien été. Les Kings ont une équipe vieillissante avec laquelle je pourrais me faire valoir, tandis que je cadre dans le moule du Lightning», explique-t-il, ajoutant qu’il veut simplement se retrouver avec une équipe qui lui fait confiance.
Pelletier avouera aussi sentir de l’intérêt de la part des Blackhawks de Chicago qui l’ont rencontré un total de six fois durant la saison, un sommet parmi toutes les équipes. Toutefois, ces derniers sélectionnent au troisième rang et n’ont plus de choix de premier tour par la suite. Les chances sont donc minces, à moins d’une transaction.
L’heure de vérité
Vers 16 h, heure du Pacifique, les Pelletier se dirigent vers le Rogers Arena. Là-bas, tout a été arrangé par l’agent de Jakob, Olivier Fortier. La famille proche sera assise dans huit sièges les uns à côté des autres dans la section 118, réservée aux espoirs et à leur famille, tandis qu’ailleurs dans l’aréna un groupe d’une quarantaine de proches attend avec impatience et nervosité le dénouement de cette soirée tant attendue.
Puis 17 h arrive, et ça commence. On entend le traditionnel discours de Gary Bettman enterré sous les huées bruyantes des amateurs. La routine, quoi !
Les équipes commencent ensuite à faire leurs choix. À ce moment, Pelletier et sa famille profitent du spectacle comme s’ils étaient de simples amateurs. Il serait surprenant que l’attaquant entende son nom parmi les 15 premiers. Jack Hughes est le premier choix, Kaapo Kakko suit et les Wings créent la surprise au sixième rang en choisissant Moritz Seider.
«Les Flames sont fiers...»
Rien, encore, pour augmenter le rythme cardiaque de la famille Pelletier-Latulippe, mais plus les choix défilent, plus les chances que Jakob entende son nom deviennent présentes.
«À 20, je commençais à compter et je commençais à stresser», raconte le paternel, Mario.
Ville Heinola à Winnipeg au 20e rang, son bon ami Samuel Poulin à Pittsburgh par la suite, puis les Kings font finalement de Tobias Bjornfot le 22e choix au total. Ce ne sera donc pas Los Angeles.
Viennent ensuite Simon Holmstrom, Philip Tomasino et Connor McMichael, dans l’ordre.
Puis, les Flames de Calgary montent sur la scène avec le 26e choix au total...
«De Moncton, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Jakob Pelletier», annonce fièrement le directeur général, Brad Treliving.
Par la suite, c’est un feu roulant. La traditionnelle accolade avec les membres de sa famille, la marche vers la scène, la poignée de main de Gary Bettman qui lui souhaite la bienvenue dans la LNH, puis le moment d’enfiler son chandail des Flames sur lequel on a déjà brodé son nom. Dans les gradins, on aperçoit le père et la copine de Jakob Pelletier en larmes.
Et ce n’est pas fini. S’ensuivent les entrevues à la télé, la prise de photos officielle de la LNH, puis les entrevues avec les médias.
La pression tombe
Ce soir-là, même si on lui avait organisé une petite fête privée dans un restaurant sportif à l’intérieur du Rogers Arena, Pelletier ne s’est pas couché tard.
«Le stress est tombé, j’étais complètement brûlé», raconte-t-il le lendemain, arborant fièrement son polo des Flames dans le couloir du Rogers Arena, pendant que la septième ronde bat toujours son plein.
Son père, un peu plus loin, est toujours sur un nuage.
«Je lève les bras et je touche encore l’atmosphère», lance-t-il.
Après tant d’années de sacrifices, le fait que le bébé de la famille soit devenu un choix de première ronde semblait encore un peu irréel.
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