Le soleil est rare par ici tellement les parois du Canyon de Sumidero sont immenses. Elles atteignent parfois un kilomètre de hauteur. Je suis sur une bicoque minuscule sur le Rio Grijalva avec une dizaine d’autres voyageurs. Pendant deux heures, nous nous sentons minuscules. J’ai l’impression que ça pourrait se refermer et... nous avaler ! Est-ce pour cela que tout le monde à bord garde le silence ? Prévoyez un chandail de laine ou un coupe-vent : c’est frais par ici dans les zones d’ombres.
Les abords de la rivière grouillent de vie : les singes-araignées de Geoffroy (qui lancent des cris stridents) et les crocodiles américains (menacés d’extinction) peuplent respectivement les arbres et les eaux. Heureusement que le Mexique a créé une réserve naturelle pour protéger ce territoire hélas pollué par l’industrie forestière, plus au nord, dont les détritus se retrouvent ici en profusion.
Soudainement, le pilote coupe le moteur et nous laisse dériver tranquillement vers une anfractuosité rocheuse où s’érige une statue de la sainte protectrice de la nation mexicaine : Notre-Dame de Guadalupe, au sujet de laquelle je compte revenir. On se trouve alors dans un « coude » du canyon qui tourne à 90 degrés. Il faut lever la tête pour apercevoir un bout de ciel.
L’effet d’étouffement produit par le canyon s’accentue par le silence. Pas de vent, pas ici. L’écho ? Il n’y en a pas. Les parois l’absorbent. Lorsqu’une source dévale la pente abrupte, on entend son ruissellement. Je ne l’ai pas visitée, mais on m’a parlé d’une grotte appelée caverne du silence parce que, si on y crie, le son ne se réverbère pas.
Les adeptes de spéléologie sont nombreux par ici pour explorer les confins innombrables de cette pierre friable et trouée. Des casse-cous s’élancent en parachute du sommet du canyon, le plus loin possible de la zone des crocodiles.
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